Le projet de rétablissement du caractère maritime du Mont                          

  1.   La naissance du projet

Actuellement, un grand projet de rétablissement du caractère maritime du Mont est en cours. L’origine de ce projet est une réunion de 1993 pendant laquelle les collectivités établissaient alors les causes de l’ensablement, l’avancée des herbus et les conséquences économiques occasionnées par ces problèmes environnementaux. En trente ans, les herbus sont passés de 640 à 1500 hectares soit une progression de trente hectares par an. Mais le projet débuta réellement en 1995 avec la mise en place des études nécessaires à la création d’un programme technique et de l’engagement de l’Etat. Selon J.P Morelon, ingénieur général des Ponts et chef de la mission, c’est un « projet d’équilibre respectant les richesses naturelles architecturales du Mont mais prenant en compte les besoins économiques de la baie et le coût d’une telle opération ».

Le but de l’opération est de limiter l’extension des herbus menaçant l’insularité du Mont à court terme. En partant de ce principe il est alors nécessaire de rétablir et renforcer l’érosion naturelle des cours d’eau (Couesnon, Sée, Sélune…) se jetant dans la baie. Ce projet a un coût d’environ 750 millions de francs alors son budget initial était de 500 millions de francs. Les études hydrauliques non compris au départ ont alourdi la note.

                                

  1. Les travaux

 

Les travaux ne démarreront que début 2002 après avoir effectué les appels d’offres, les concours de maîtrises d’œuvre, les enquêtes publiques et l’obtention des premières autorisations administratives. L’achèvement des différents ouvrages est espéré pour fin 2005 ou début 2006.

L’opération commencera par l’aménagement du barrage de la caserne. La mise en service de l’ouvrage à double sens, afin de libérer l’effet de chasse du Couesnon est prévue pour 2003. Que ce soit en adaptant les installations actuelles ou en construisant un nouveau barrage, on portera de 30 mètres à 80 mètres la largeur totale de la batterie de vannes. En même temps, afin de muscler le débit du Couesnon par une réserve de 0,9 millions de m3 en amont du barrage, on prévoit de remettre en eau une partie de l’anse de Moidrey. Ensuite à l’embouchure du fleuve, il est question de diviser son cours en deux chenaux en aménagement des postes d’aiguillages noyés les rendant invisibles pour l’harmonie du paysage. L’efficacité du dispositif conduira à un abaissement général des fonds et en particulier du lit des chenaux aux abords du Mont. Il s’agira donc de modifier les aménagements anthropiques réalisés durant le siècle dernier afin de rétablir les facteurs d’érosion naturels.

L’autre grande phase du projet  sera la coupure de la digue route sur 1000 mètres, rétablissant la circulation de la marée et des sédiments. Les courants est-ouest balayeront alors les grèves sud du Mont-Saint-Michel. Cette mesure sera accompagnée par le déplacement des aires de stationnement.

Dans la nouvelle organisation, l’accès au Mont se fera selon trois étapes. Les visiteurs abandonneront leur véhicule dans le nouveau parc de stationnement de la caserne  et rejoindront à pied le centre d’accueil. Le parking pourra recevoir 3300 voitures, 100 bus, 500 places pour les Montois non-résidents. Il sera « paysager » pour être intégrer au site et aura aussi la caractéristique d’être insubmersible. Le stationnement payant est basé sur un tarif forfaitaire pour la journée et par véhicule. Le plafond est prévu à 5 Euros par voiture à la mise en service. Puis, selon leurs choix, les visiteurs pourront soit cheminer à pied sur le pont-passerelle pour gagner le  Mont, soit utiliser la navette de transport qui reliera la Caserne au Mont en enjambant le lit du couesnon. Ils pourront emprunter la navette, à l’aller comme au retour, sans supplément de prix.

La solution de desserte retenue est celle d’un train sur pneumatiques réalisé sur mesure, propulsé au GPL ou l’électricité par des batteries. La capacité totale du système sera de 3000 personnes par sens et par heure en période de pointe avec un départ toutes les deux minutes. Arrivés au pied des remparts, les touristes pénétreront à marée basse par les grèves et la porte de l’Avancée. A marée haute, une passerelle insubmersible leur donnera l’impression réelle de débarquer sur une île.

 

Mais il paraît intéressant d’évoquer des opérations accompagnant le désensablement, afin de valoriser la baie et son arrière pays, et d’ainsi tirer profit de l’attraction du Mont-Saint-Michel et de ses 3 millions de visiteurs annuels.

 

 

La mise en valeur du site                                          

  1.  L’opération  Grand  Site

 

        Cette opération au budget de 50 millions de francs est destinée à l’environnement de la baie, dont la moitié versée par l’Etat et l’autre par les collectivités. L’objectif est de canaliser le flux de visiteurs, d’améliorer l’accueil du site et de favoriser le développement touristique de l’arrière pays tout en préservant le milieu naturel. Ce qui se traduira notamment par la réhabilitation de moulins à vent, l’aménagement de pistes cyclables et de circuits de randonnée équestre ainsi que le développement économique régional avec la création du label « pays de la Baie » pour les produits locaux. Enfin, cette opération grand site est l’occasion de renouveler une campagne de communication sur les dangers de la baie.

                                       

  1.   Amélioration de la qualité environnementale du site

 

            La baie connaissait un problème récurrent quant à l’insalubrité de ses eaux, principalement dans les zones proches du Mont. La pollution des eaux étant due à l’insuffisance ou l’inexistence de moyens de traitement des eaux usées, la municipalité du Mont s’est donc associée à celles de Beauvoir et de Ardevon, pour constituer un réseau d’assainissement et la création d’une station d’épuration en 1994. La station est prévue pour une capacité de 10 000 habitants alors que les trois communes ne totalisent que seulement 700 habitants mais cette capacité importante permet de faire face à la période estivale et son pic de visiteurs. Le coût de la démarche se monte à 22 millions de francs, financé à 90% par l’agence de l’eau Seine-Normandie, la région et le département.

 

            Par ailleurs, le conservatoire du littoral intervient pour préserver le milieu par l’acquisition de 70 hectares dans les dunes de Dragey, 10 hectares à Vains et souhaite acquérir 85 hectares pour protéger la pointe du Grouin du sud. Au sud du Mont-Saint-Michel, le conservatoire a lancé un programme d’acquisition de 175 hectares sur les rives du Couesnon ainsi que 60 hectares au lieu dit le « polder Foucault ».