Les actions du passé souvent contestées à l’ heure actuelle

 

Il a été prouvé que le comblement de la baie du Mont Saint Michel était un phénomène géologique inéluctable et qu’il se déposait chaque année entre 1 000 000 et 1 500 000 mètres cube de tangue et de sable et ceci depuis des temps très anciens.

Cependant, les interventions humaines du dernier siècle ont concentré et fixé ces apports au voisinage du Mont en favorisant l’établissement de polders et donc l’avancée des terres vers ce lieu historique et culturel.

         Par ailleurs, une campagne d’études de grande envergure est entreprise de 1970 à 1977 pour trouver des solutions afin de lutter contre le comblement spectaculaire du Couesnon, due au barrage de la caserne. A l’époque, les études ont débouché sur un programme préconisant la  construction de trois grands bassins de chasse, la démolition de la digue de la Roche-Torin et l’ouverture au flot de la partie terminale de la digue-route. La démolition de la digue de la Roche-Torin est engagée en 1983. Sa suppression permet notamment à la Sée et à la Sélune de divaguer vers l’ouest et d’attaquer le grand banc sédimentaire central de la baie.

                                            

         Les principaux arguments de contestations et de remises en cause de ces ouvrages sont basés sur des critères écologiques et économiques. En effet, les aménagements effectués dans la baie ( barrage de La Caserne notamment ) ont une influence sur les poissons migrateurs du Couesnon qui constituent l’essentiel de sa richesse piscicole. L’anguille est l’espèce dominante. Le saumon atlantique et la truite de mer font également parfois leur apparition. Ces espèces sont donc menacées par deux facteurs : la dégradation de la qualité de l’eau ( des efforts ont été faits au niveau de l’épuration des eaux usées pour certains points noirs : Mézières-sur-Couesnon par exemple ) et les obstacles à la migration des poissons ( modifications de la géomorphologie de l’estuaire par les comblements de sédiments, présence du barrage,…). Or, c’est la possibilité d’offrir un mélange eaux douce et salées qui fait la spécificité et la richesse d’un estuaire. Aussi, les aménagements effectués par l’Homme au cours des années, ont une tendance progressive à limiter les capacités d’accueil des oiseaux-migrateurs.

 

D’ autres solutions ont été envisagées

 

  1. Plusieurs projets d’ensemble : 

 

         Des solutions multiples ont été étudiées afin de rétablir le caractère maritime du Mont Saint Michel. Plusieurs études ont été faites et de nombreux programmes ont été proposés surtout à partir de 1979.

Quatre scénarios avaient été proposés il y a une dizaine d’années : 

·        La création d’un unique bassin de chasse dans le Couesnon et le maintien de la digue-route. Le Mont serait alors à côté d’un fleuve.

·        La destruction d’une partie de la digue-route et la construction d’un bassin de chasse. Le Mont serait dans ce cas un fleuve.

·        La création d’un bassin de chasse à l’est et à l’ouest de la digue-route, dont la partie finale serait détruite, créant ainsi un paysage complexe avec un estran fragmenté en delta.

·        La destruction de la digue-route sans l’utilisation de bassin de chasse, l’accès au Mont se ferait alors par les polders de l’ouest.

Cette dernière solution fut reconnue la plus satisfaisante, ne nécessitant pas un recours au chasses d’eau.

           Ainsi, on déboucha en 1991 sur une première conclusion : il faudra détruire la digue-route.

          Des architectes furent ensuite consultés pour envisager les différentes possibilités d’accès qui serait alors possible d’offrir pour se rendre au Mont.

                                       

        Certains n’ont pensé ni  à une digue, ni à une passerelle mais à un passage souterrain pour piéton , de 400 à 500 mètres. D’autres ont évoqué un accès possible par une passerelle comprenant une liaison mécanique avec des navettes depuis le continent où l’on trouverait une gare de départ.

        Plusieurs intervenants ont donc réfléchi aux diverses solutions envisageables, allant même jusqu'à susciter l’intérêt de l’Académie des Beaux-Arts.

  

2.    Des solutions souvent évoquées :

 

    En 1988, l’étude pour la réalisation d’un bassin de chasse dans le Couesnon est entreprise. Mais la réalisation d’un tel bassin implique un certain nombre d’impacts sur le milieu naturel. De plus, un tel ouvrage était préconisé dans le but d’établir des érosions là où les sédimentations étaient importantes et d’augmenter les profondeurs de 2 à 3 mètres de part et d’autre du Mont, permettant à la mer de venir l’entourer pour près de 80% des marées. Ainsi, cette réalisation devait donc s’accompagner d’une coupure d’une partie de la digue-route. Mais celle-ci n’a jamais été effectuée.

En fait, l’idée de construire des bassins de chasse est née du constat que la lutte contre la sédimentation pouvait provenir d’une utilisation des réserves d’eau douce apportée par les fleuves côtiers de la baie. Ainsi, les sédiments seraient remis en suspensions et transportés au large. L’effet de chasses d’eau serait produit en profitant de la  puissance hydraulique du Couesnon.

Une autre solution est souvent évoquée. Elle consiste en une "réestuarisation" partielle du Couesnon. Celle-ci pourrait s’effectuer par l’ouverture régulière de la porte du barrage de La Caserne. On assisterait alors à une nouvelle gestion de l’ouvrage. Le réaménagement du barrage de La Caserne aurait pour but d’évacuer les sédiments accumulés dans l’embouchure. Ce projet de réhabilitation de l’ouvrage comprend la construction d’un réservoir de remplissage entre La Caserne et Beauvoir, et d’un contre-chenal en rive gauche. Ce dispositif serait complété par un ouvrage en vannage en amont du réservoir. On pourrait ainsi assister au rétablissement d’un couloir estuarien en bordure ouest du Mont.

De plus, la destruction du barrage est même envisagée. Elle permettrait de rétablir le  mélange eaux douces et salées. Mais un retour brutale des eaux de mer dans le Couesnon serait dramatique pour un milieu naturel qui s’est profondément transformé depuis 1969 et la création de l’ouvrage. La réhabilitation serait donc plus pertinente.

            Enfin, il faut évoquer que la destruction du barrage engendrerait des conséquences catastrophiques pour les marais. En effet, le Couesnon est l’acteur direct de la mise en eau et de la vidange des marais (exemple : le marais de Sougéal) qui sont de plus en plus valorisés par leur utilisation agricole (mise en culture, et aussi chasse au gibier d’eau).